Directrice Juridique et des Partenariats chez Lunchr, nouvel acteur du titre-restaurant, Morgan Petitjean explique, dans cette interview, le quotidien de la fonction juridique dans un environnement start-up innovant.

  1. Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Après des études de droit très axées sur les entreprises en difficulté et des expériences professionnelles chez plusieurs mandataires et administrateurs judiciaires ainsi que dans un cabinet d'avocat, j'ai décidé de passer le barreau, que j'ai obtenu, afin d'avoir un aperçu complet de la situation d'une entreprise que l'on peut encore sauver de la faillite.

J'ai petit à petit trouvé frustrant que ma création de valeur ne se limite qu'au conseil que je donnais à un instant T. J'ai donc cherché un nouveau challenge et ma fibre entrepreneuriale m'a décidée à aller voir du côté de l'entreprise. J'ai eu envie de me lancer sur le secteur de la foodtech en co-créant mi 2016 Collect'eat, une start-up qui permettait d'aller chercher son repas dans un restaurant n'ayant pas vocation à le faire au départ. L'affaire n'a pas fonctionné, j'étais frustrée car j'avais trouvé l'expérience trop courte et je n'avais aucune envie de reprendre la robe.

C'est à ce moment là que j'ai vu passer une levée de fonds de 2,5 millions pour Lunchr, réalisée en janvier 2017. A cette époque, Lunchr venait de lancer un premier test sur Montpellier de sa plateforme de commande en ligne, axée coupe-file pour le déjeuner. J'ai tout de suite été séduite par l'idée et ai contacté le CEO, Loic Soubeyrand, qui m'a recrutée dans la foulée.

Quelques mois plus tard, Lunchr sortait sa solution de titres-restaurant: une offre simple de carte de titres-restaurant pour payer son déjeuner partout en France et une application permettant de gérer sa carte et de déjeuner en équipe en obtenant des réductions.

2. Quelles sont selon vous aujourd'hui les difficultés rencontrées par un Responsable Juridique dans un environnement start-up innovant ?

La première difficulté rencontrée le Responsable Juridique d'une start-up est qu'il n'est jamais seulement Responsable Juridique. Chez Lunchr, je travaille en lien étroit avec le produit. Je suis au courant de toutes les nouvelles fonctionnalités afin d'anticiper tout risque juridique qui pourrait en découler. Je suis aussi énormément la satisfaction client, le business plan ainsi que la négociation des partenariats avec les prestataires.

La seconde difficulté à laquelle il fait face est la mauvaise réputation originelle de la fonction juridique en entreprise. Dans un environnement d'itération constante, un Responsable Juridique peut donner l'impression de ralentir les projets. Tout dépend de si les processus de communication interne à la start-up sont efficaces.

Chez Lunchr, j'ai instauré une communication fluide avec les autres équipes par le biais d'une chaîne sur Slack sur laquelle tous les salariés peuvent m'adresser leurs questions juridiques lorsqu'ils ont un doute sur un sujet. Être en start-up c'est prendre de nombreux raccourcis. Mon rôle en tant que Responsable Juridique est de mesurer si tel ou tel raccourci vaut le risque pris.

J'essaye au quotidien d'inculquer les bons réflexes aux salariés pour qu'à chaque nouvelle communication marketing ou lancement produit ils se posent la question du risque juridique.

3. Sur quels types de sujets et cas concrets travaillez-vous au quotidien pour Lunchr ?

Je travaille sur des sujets très transverses. Je peux autant travailler sur de la compliance (RGPD, réglementaire vis-à-vis des autorités de contrôle et de régulation) que sur des partenariats stratégiques au niveau du produit. Je travaille par exemple régulièrement sur l'intégration de nouveaux produits en partenariat avec certaines plateformes afin de permettre à nos clients de payer avec leur carte Lunchr sur celles-ci.

4. Comment voyez-vous la collaboration entre Directions Juridiques et avocats ?

Selon moi, l'avocat, ayant moins d'expérience en entreprise ne pourra pas aussi bien appréhender les enjeux quotidiens de l'entreprise qu'il doit conseiller et/ou défendre qu'un Responsable Juridique qui, lui, a cette connaissance du secteur sur lequel son entreprise évolue. Il suit au quotidien l'application des règles de droit par le juge et reste au fait de l'actualité juridique de son marché.

Le juriste doit pouvoir avoir les bons outils qui lui permettront d'avoir la bonne information au bon moment et donc de transmettre la bonne connaissance à l'avocat avec lequel son entreprise va collaborer.

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