Juriste de formation, Pascal Mendak a débuté sa carrière au sein de la startup Particulier à particulier en tant que rédacteur juridique. Il fut directeur éditorial chez l’éditeur juridique Wolters Kluwer avant de rejoindre l’agence de communication Fargo et de créer sa filiale Legal’Dev dédiée à la communication des avocats et des notaires. Il est actuellement Directeur conseil chez Eliot & Markus.
Pourquoi un avocat doit communiquer ?
Les avocats sont des chefs d’entreprise, à ce titre ils doivent communiquer afin de gagner en notoriété, asseoir leur réputation et développer leur clientèle. Il y a toujours la recette classique du bouche à oreille, le networking, la publicité et la presse mais les outils du numérique peuvent également les aider à développer leur activité et leur réputation.
Comment un avocat communique-t-il ?
Les avocats, y compris les moins de 40 ans, utilisent beaucoup les réseaux physiques à l’instar des clubs d’influence, fréquentent les colloques et cela fonctionne plutôt bien pour eux. Il est tout de même essentiel que les avocats se posent la question de leur stratégie de positionnement en amont de toute action et de construire une stratégie de contenus en mettant en valeur leur expertise et leur réputation. Ils peuvent, par exemple, publier des articles sur internet ou dans la presse spécialisée, en utilisant des références légales, de la jurisprudence… Le développement de la notoriété des cabinets d’avocats français via les réseaux sociaux est plus timide ce que l’on constate dans des cabinets anglo-saxons. Les avocats prennent progressivement conscience de la caisse de résonance que peuvent apporter les outils digitaux pour créer et intensifier leur notoriété ; les agences de communication peuvent alors les accompagner en facilitant leur quotidien dans leurs actions de communication et travailler avec eux sur leurs éléments de langage en fonction les médias choisis.
Quels sont les freins à la communication pour les professionnels du droit ?
La réglementation a été considérablement assouplie depuis les années 1990 et les lois Hamon de 2014 et Macron de 2015 ont fait également évoluer les choses. Ce qui est paradoxal c’est que les excellents orateurs que sont les avocats ont souvent du mal à se mettre en avant et à parler d’eux.
Il faut prendre le temps d’écouter et de comprendre les avocats pour établir avec eux une stratégie de communication solide et pertinente. Ensuite, tout dépend de la stratégie mise en place mais globalement, les avocats peuvent tout faire tant qu’ils respectent les principes de déontologie de leur profession. Acheter de la pub dans des magazines, faire de la publicité online, effectuer des émissions radio sponsorisée ou non ; tout est possible à l’exception d’une sollicitation par sms notamment.
Les autres professions réglementées comme les notaires ou les huissiers disposent de marge de manoeuvre plus étroites marge de manoeuvre. Relations médias, sites et community management, oui mais Ils ne peuvent pas faire de campagne adwords, ne peuvent pas être partenaires d’événements ou effectuer de publicité dans la presse, enfin pour le moment…
Enfin, c’est souvent le temps et les moyens dont disposent les avocats qui peuvent être des freins. A nous communicants, de trouver des solutions agiles et efficaces en fonction de leurs possibilités.
Comment les nouvelles technologies peuvent aider l’avocat dans sa communication ?
Tout d’abord, les outils issus des nouvelles technologies constituent un excellent vecteur de communication pour les grands cabinets comme pour les avocats individuels. Ensuite, ce qui est intéressant avec les nouvelles technologies, c’est qu’il n’y a pas besoin de gros budget pour communiquer, mais trouver le temps pour le faire…. Il y a des nouveaux outils très simples pour créer un site internet, publier du contenu, et parler de son expertise de manière quasi-instantanée sur les réseaux sociaux et interagir. Les nouvelles technologies doivent être complémentaires à leur networking afin d’augmenter leur notoriété.
Par exemple faire indexer son analyse d’un d’arrêt par Google et Doctrine, c’est déjà de la communication en soi ; c’est d’ailleurs très efficace. Le web est une excellente caisse de résonance pour viraliser des messages utiles à destination des prospects et clients. Il est indéniable que le web est un incontournable de toute bonne stratégie de communication.
Quelle est la relation entre les avocats et les nouvelles technologies ?
Même si les opinions sont assez hétérogènes, il y a de moins en moins de rejet et plus de curiosité de la part des avocats. Le temps où les avocats avaient peur que la technologie leur vole leur place est révolu. Il y a une réelle appétence pour les technologies, cela va permettre aux avocats d’accroître leur expertise. Les nouvelles technologies vont permettre également aux avocats d’imaginer des solutions innovantes et d‘aller plus loin qu’un simple site vitrine. Cela va surtout permettre aux avocats de renforcer les liens avec leurs clients.
Que pensez-vous des legaltech ?
La legaltech a largement contribué à rendre la prestation juridique plus accessible aux particuliers et aux professionnels en renouvelant l’expérience client. Cela a permis également aux institutions du droit de se remettre en question. De véritables synergies se sont mises en place avec les avocats et cela devrait croître davantage notamment avec les petites structures avec dynamisme et agilité, afin de faire augmenter la productivité des avocats pour mieux répondre aux attentes de leurs clients.
📷 Pascal Mendak, Legal'Dev